Archive mensuelle 8 octobre 2018

Révision des lois de bioéthique : Monsieur le Président de la République, auriez-vous égaré votre courage ?

Monsieur le Président, nos associations sont absolument révoltées par le projet d’une nouvelle commission regroupant sénateurs et députés évoquée par le Journal Du Dimanche, commission qui devrait se prononcer et arbitrer les éléments du projet de loi ouvrant notamment la PMA à toutes les femmes, l’accès aux origines, la réforme de la filiation homoparentale, la congélation ovocytaire, l’inscription à l’état-civil français de tous les enfants nés par GPA.

Nous, associations LGBT+, chercheurs et chercheuses avons participé et avons été auditionnées lors des débats menés par le CCNE, par le Conseil d’Etat, par la Mission d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique. Nous avons subi humiliations et jugements lors de certain-e-s auditions et débats.

Alors que le consensus que vous recherchiez est aujourd’hui atteint : Défenseur des droits, HCEfh, Conseil d’Etat, CCNE se sont prononcés favorablement ou ne sont pas opposés à l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes, que les français sont largement pour l’ouverture de la PMA [1], qu’un projet de loi serait de toute façon discuté dans des commissions spéciales qui rassemblent toutes les sensibilités avant d’arriver dans l’hémicycle, voici qu’un nouveau comité jamais réuni jusqu’alors pour les autres projets de loi, devrait voir le jour spécifiquement sur ces sujets !

Monsieur le Président la coupe est pleine !

Vous ne ferez jamais l’unanimité, vous ne convaincrez pas les homophobes, vous n’influencerez pas les opposants qui forment leur opposition par la croyance. Pendant que vous tergiversez, serez-vous comptable des femmes qui se retrouvent aux urgences avec des fausses couches et des hyperstimulations, des couples qui s’endettent pour aller dans les hôpitaux étrangers, des enfants qui restent sans protection dans l’attente d’un jugement d’adoption, des actes homophobes qui naissent de la parole libérée et médiatisée à l’occasion de ces débats ? Serez-vous comptable de tout cela ?

Monsieur le Président c’en est assez ! Nous refusons de participer à de nouvelles auditions ayant pour seul but de reporter encore une fois cette loi et de tendre le micro aux homophobes.

Nous attendons votre projet de loi en décembre, conformément au calendrier annoncé et suivant la procédure de révision de la loi bioéthique.

[1] 64% favorables (source IFOP)

75% favorables (source IPSOS)

Signataires :

  • Inter-LGBT
  • Les effronté-es
  • FièrEs
  • GayLib
  • MAG Jeunes LGBT
  • Mam’ensolo
  • Planning Familial
  • Martine Gross, ingénieure de recherche en sciences sociales au CNRS
  • Caroline Mecary, avocate au barreau de Paris

Agressions LGBTphobes à Paris : assez !

L’ouverture du mariage pour tous avait déjà libéré la parole haineuse, à l’approche de la révision des lois bioéthiques nous, acteurs de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, redoutons que les agressions envers les personnes LGBT se multiplient à travers la France et à Paris. Paris, capitale, où il réputé être plus aisé de vivre et « afficher » librement son homosexualité, ou sa transidentié. Paris ville hôte de la 10ème édition des Gay Games cet été.

Alors que la Ville de Paris a pour ambition d’être la capitale de toutes les Fiertés nous faisons le triste constat de la recrudescence de la violence LGBTphobe à Paris.

La plaque mémorielle rue Montorgueil au cœur de Paris, en hommage aux derniers homosexuels condamnés à mort en raison de leur homosexualité a été vandalisée à deux reprises en quatre mois, les passages piétons rainbow du Marais ont été tagués à quelques jours de la Marche des Fiertés de Paris, cet été une journaliste de Têtu et sa compagne ont été agressées ; pire encore, Vanesa Campos prostituée trans a été assassinée au Bois de Boulogne dans la plus grande indifférence générale, une autre travailleuse du sexe y a été violemment agressée quelques semaines plus tard sans plus de réaction, et un couple d’hommes également agressé dans le XXe arrondissement de Paris il y a quelques jours. Enfin, nous avons appris que les locaux de Garçon Magazine ont été vandalisés et taggués avec l’inscription « sale pd » ; et ce week-end un jeune gay agressé verbalement dans un noctilien.

 

Combien d’agressions, combien de morts faudra t-il pour que nos élu.e.s réagissent et se mobilisent ?

La République ne peut pas hiérarchiser les minorités et les discriminations.

 

Si Anne Hidalgo condamne souvent les actes LGBTphobes, nous lui demandons de mettre toutes les mesures en place pour la sécurité des personnes et des lieux LGBT à Paris, et d’avoir une politique de lutte contre les LGBTphobies concrète et ambitieuse à Paris.

Nous voulons que les pouvoirs publiques jusqu’au sommet de l’Etat condamnent fermement ces agissements et s’engagent dans la lutte contre les LGBTphobies.

 

Les violences LGBTphobes ne sont pas une opinion, mais un délit puni par un an d’emprisonnement et 45000 euros d’amende.

 

Catherine Michaud, Conseillère du 2e arrondissement de Paris, Présidente de GayLib

et Louis-Georges Tin Fondateur de la Journée Internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie.