Monsieur le Secrétaire Général,
La décision rendue par la Cour de Cassation en faveur de Christian Vanneste ne doit aucunement dispenser notre famille politique de porter son propre jugement sur les propos qui lui ont valu de comparaître devant la justice.
En effet, c’est au regard de nos valeurs, d’une certaine éthique et, finalement, de l’Histoire en marche que notre appréciation doit se faire.
En considérant que les déclarations de Monsieur Vanneste entrent dans l’exercice de sa liberté d’expression, la Cour revient sur ce qui avait été tranché par la loi du 30 décembre 2004 créant la HALDE : les injures et diffamations homophobes ne constituent pas une opinion mais un délit, à l’instar des injures racistes ou antisémites. Cette décision a provoqué un grand émoi chez tous nos concitoyens engagés contre l’homophobie, tout en ouvrant les vannes aux interventions les plus délirantes comme ce fut le cas, le 16 novembre dernier, sur le blog de « La Droite Libre », mouvement associé à l’UMP, présidé par Rachid Kaci. Nous craignons qu’à défaut d’endiguer les paroles et les postures homophobes tenues sous ses couleurs, l’UMP se laisse submerger par ce genre de discours, se singularisant ainsi parmi les mouvements politiques républicains.
Nous continuons de penser que les propos reprochés à Christian Vanneste ne correspondent pas aux valeurs de respect et de liberté que défend l’UMP. Nous nous appuyons à ce sujet sur les paroles de Nicolas Sarkozy qui avait affirmé, dans le mensuel TÊTU de mars 2007, que l’amour homosexuel n’était pas inférieur à l’amour hétérosexuel. Ces propos ont été réaffirmés par Nicolas Sarkozy lors du 5ème anniversaire de GayLib, dans une vidéo actuellement en ligne sur : http://www.gaylib.org/pages/multimedia/videos-5ans.php .
À qui l’UMP donne-t-elle donc raison sur ce point : à Nicolas Sarkozy ou à Christian Vanneste qui parle d’infériorité de l’homosexualité et donc, quoiqu’il en dise, des homosexuels ? Sommes-nous des sous-femmes et des sous-hommes ? Méritons-nous un peu moins de respect que les autres ?
Par ailleurs, Gérard Longuet, lors d’une audition du Ministre de l’Education Nationale au Sénat, a tenu des propos jugeant contradictoires des actions menées contre l’homophobie au sein des établissements scolaires et la nécessaire lutte contre la pédophilie.
Cet amalgame particulièrement douteux est inadmissible de la part d’un élu de la Nation, d’autant que Monsieur Longuet s’est plu à confondre la lutte contre l’homophobie avec une prétendue promotion « de formes nouvelles de sexualité ». La lutte contre l’homophobie sert bien évidemment à améliorer l’estime de soi des intéressés, à lutter contre le fort taux de suicide chez les jeunes homosexuels et à limiter les agressions contre les personnes homosexuelles. Gérard Longuet, comme certaines autres personnes, ont clairement encore besoin de se faire expliquer ce qu’est l’homosexualité : une identité sexuelle et non un choix dont on pourrait faire le prosélytisme.
Nous savons que l’homophobie s’oppose aux valeurs que défend l’UMP et nous n’avons pas besoin d’une nouvelle déclaration en ce sens. Nous n’avons que faire de protestations qui ne trouvent aucun écho dans les faits.
Nous voulons simplement que les principes affirmés soient en cohérence avec la réalité, sans double langage et que cesse l’hypocrisie.
C’est la raison pour laquelle nous vous demandons :
– de condamner les propos de Gérard Longuet et de réaffirmer que les déclarations de Christian Vanneste, même si elles ne sont pas en définitive condamnées par la justice, n’entrent pas moins en contradiction avec les valeurs défendues par l’UMP et Nicolas Sarkozy.
– de veiller à ce que tout dérapage à caractère homophobe émanant d’élus membres de notre parti soient suivis de sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion, comme le seraient les auteurs de propos racistes ou antisémites
– de vous engager, au nom de l’UMP, à faire voter l’Union, ouverte à tous les couples, mesure qui a été inscrite dans la plate-forme législative de l’UMP votée en novembre 2006 et que nous attendons toujours. L’Union présentée aux Français par Nicolas Sarkozy dans son projet présidentiel garantira l’égalité en droits et en devoirs des couples homosexuels et des couples hétérosexuels.
Nous osons croire que vous saurez reconnaître en GayLib l’une des forces d’avenir pour notre famille politique que nous voulons à l’image de la France d’aujourd’hui : moderne, audacieuse, respectueuse de la diversité et attachée à ses valeurs.
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