Bordeaux, le 16 Mai 2011
Si les transexuels ouvraient le droit au mariage à tous les Français?
Monsieur le Député Jacob,
Je me permets de vous alerter aujourd’hui, au sujet d’une situation concernant le mariage homosexuel, en ma qualité de chargé de la mission sur les transidentités pour Gaylib (précisant que les transexuels n’étant pas nécessairement homosexuels).
En effet, chez les transexuels dits primaires, comme dans les autres typologies de transexualisme ou de transidentité, le genre n’est pas un facteur de choix de sexualité, toutes les situations comme dans le reste de la société existent.
Il y a des transferts d’homosexualité, un homme aimant les hommes devient femme et aime les femmes.
Il y a des transferts d’hétérosexualité, un homme aimant les femmes, devient femme et aime les hommes.
La sexualité peut évoluer dans un sens, ainsi une femme aimant les femmes, devient homme et aime les femmes. Ou l’inverse, une femme aimant les hommes, devient un homme qui aime les hommes.
Cela signifie donc bien que les parcours transidentitaires sont plus l’objet d’une identité profonde que d’une identité sexuelle, dans la mesure ou le changement de genre ne présume pas du changement ou du transfert de sexualité qui fera suite.
Quel lien avec le mariage me direz-vous ?
Le changement des papiers d’identité, bien qu’amélioré avec le travail de Madame Michèle Alliot Marie, crée des situations encore paradoxales. En effet, lorsque nous sommes en face de situations de transexualités qui aboutissent à des situations d’homosexualités, ou qui les créent, un individu trans ayant de fortes chances d’avoir toujours ses papiers d’identité d’origine (donc de sexe différent) peut se marier. Par exemple, si une personne de naissance Lucie, devenu Pierre, tombe amoureux de Jean, se présente en mairie avec ses papiers de Lucie, alors le maire, l’adjoint au maire, ou le conseiller municipal n’a d’autre choix que de célébrer le mariage de Lucie et de Jean alors que devant lui se tiennent bien deux hommes au sens sexuel et visuel du terme.
Si le refus de l’égalité devant le droit au Mariage des couples de même sexe est un refus au motif de la sexualité, ou d’une volonté de parité dans le couple, alors cet argument est caduc parce que l’imperfectibilité du droit français a déjà créé une situation de précédent et marie aujourd’hui une demie douzaine de couples de mêmes sexe en France avéré par an (et certainement plus).
Nous concevons notre travail à Gaylib dans l’intérêt de tous les citoyens Français, la transidentité dans son parcours singulier nous permet d’envisager des valeurs comme la Liberté ou l’Egalité de manière plus globale, grâce à des constats comme celui-ci : factuel et pragmatique.
En cela nous vous demandons Monsieur Jacob de prendre acte de cette réalité, et d’agir en faveur d’une évolution de la loi qui correspond à la société actuelle, c’est à dire favorable au droit au mariage pour tous les Français.
Julien Diez
Délégué Régional de Gaylib pour l’Aquitaine
Chargé de mission à la transidentité